Sublimes moments du muet / Le festival Lumière pour les enfants / Événements et célébrations : Éternel Chaplin

Charlot et le comte

The Count

de Charles Chaplin , États-Unis, 1916

Charlot fait une cure

The Cure

de Charles Chaplin , États-Unis, 1917

Charlot s’évade

The Adventurer

de Charles Chaplin , États-Unis, 1917

Trois courts métrages pour retrouver Charlot dans ses œuvres. Apprenti tailleur, curiste ou prisonnier, le vagabond sème la pagaille partout où il passe. Qu’il se fasse passer pour un comte, bouscule le quotidien d’un établissement thermal ou s’invite à une réception organisée dans une grande villa, Charlot est à chaque fois plongé au cœur d’aventures trépidantes.

Le personnage de Charlot apparaît pour la première fois en février 1914 dans Charlot est content de lui sous la direction de Henry Lehrman. Tout de suite adoptée par le public, rencontrant un succès considérable, cette figure reconnaissable entre toutes va progressivement s’étoffer, gagner en profondeur, son caractère s’affinant au fil d’une soixantaine de courts métrages. Charles Chaplin va très vite passer derrière la caméra pour mieux superviser la mise en forme de ses idées. En 1916, il signe un contrat avec la Mutual Film Corporation et réalise douze films pour la compagnie, réunissant à ses côtés la même troupe de comédiens, dont sa fidèle actrice Edna Purviance et un nouveau venu dans son univers, Eric Campbell, à l’allure de colosse. Désormais maître de tous les aspects de sa création, Chaplin affirme durant cette époque son immense talent visuel. « Ce qui est excitant dans presque toute la série de la Mutual, c’est le moment prométhéen où l’inventivité de Chaplin touche au génie et produit des séquences de comédie d’un mouvement et d’un rythme jusque-là inconnus. » (Jeffrey Vance, Chaplin : Une vie en images, Éditions de la Martinière, 2004)

Dans Charlot et le comte, Chaplin est un assistant tailleur qui se fait passer pour un nanti, provoquant des quiproquos en chaîne dans un bal costumé chez la riche Miss Moneybags. Passant avec virtuosité d’un décor à l’autre, Chaplin accorde une attention particulière à la séquence de danse, pour laquelle il embauche un véritable orchestre. Dans Charlot fait une cure, le cinéaste interprète cette fois-ci un ivrogne qui se fait un ennemi d’un géant accablé par la goutte. Les altercations rythment un récit culminant par une scène d’ivresse collective, donnant lieu à une gueule de bois mémorable. Dernier film conçu pour la Mutual, Charlot s’évade démarre par une course-poursuite haletante et montre un Charlot échappant par moult astuces à la police. Une façon parfaite de conclure un contrat que le réalisateur a vécu comme un âge d’or : « Je crois bien que mon séjour à la Mutual fut la période la plus heureuse de ma vie. J’étais léger et libre, j’avais vingt-sept ans, avec devant moi de fabuleuses perspectives et un monde aimable et attrayant. » (Charles Chaplin, Histoire de ma vie, Robert Laffont, 1964)