Pépé le Moko (Jean Gabin), malfaiteur parisien, s’est réfugié dans la Casbah d'Alger, protégé par sa bande. L’inspecteur Slimane (Lucas Gridoux) et la police locale cherchent à l’en faire sortir pour l’arrêter. La belle Gaby (Mireille Balin), touriste dont se rapproche Pépé, pourrait servir d’appât…
« Infatigable artisan » selon l’historien du cinéma Raymond Chirat, Julien Duvivier a traversé le cinéma français, du muet aux années 60, tout en faisant un détour par les États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, et lui a offert nombre de classiques. Parmi eux : Pépé le Moko, pour lequel le cinéaste aurait pris pour modèle les films de truands américains, ces films noirs à leur apogée quelque temps auparavant. Certains y verront même un Scarface (Howard Hawks, 1932) à la française… Le film de Duvivier a pourtant une identité bien à lui.
Plongée dans la Casbah d’Alger, ses ruelles, ses dédales, un labyrinthe protecteur pour Pépé, truand pourchassé par la police. Duvivier exploite ses thèmes de prédilection : les hors-la-loi, la poisse, la fatalité, les femmes… Il exalte le romantisme de la pègre et fait de Gabin un mauvais garçon au cœur tendre, qui voit en l’amour une issue de secours. Mais comme dans tous les films de Duvivier, la fatalité reprendra ses droits.
La photo de Pépé le Moko est saisissante, un clair-obscur désenchanté, rendant les ruelles de la Casbah envoûtantes – le décor a été entièrement construit dans les studios de Joinville par le décorateur Jacques Krauss. Un réalisme poétique teinté d’orientalisme. Et c’est aussi en ça que Pépé le Moko n’est pas un truand à l’américaine : il est un caïd propret, gagné par la nostalgie de Paris (syndrome dont est également atteint le personnage de Fréhel), et non, à l’instar de Scarface, un vainqueur.
Le film est un immense succès et Duvivier est réclamé à Hollywood pour en tourner le remake. Ce sera finalement John Cromwell qui le réalisera avec Casbah (Algiers, 1938) en copiant certains plans à l’identique, et en intégrant même les images d’Alger du film original ! Si Duvivier s’est peut-être inspiré du cinéma américain, ce dernier lui empruntera aussi énormément.
Pépé le Moko
France, 1937, 1h34, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Julien Duvivier
Scénario Julien Duvivier, détective Ashelbé (pseudonyme d'Henri La Barthe), Jacques Constant, Henri Jeanson, d’après le roman éponyme d’Ashelbé
Photo Jules Krüger, Marc Fossard
Musique Vincent Scotto, Mohamed Ygerbuchen
Montage Marguerite Beaugé
Décors Jacques Krauss
Production Raymond et Robert Hakim, Paris-Film Production
Interprètes Jean Gabin (Pépé le Moko), Mireille Balin (Gaby Gould), Gabriel Gabrio (Carlos), Lucas Gridoux (l'inspecteur Slimane), Gilbert Gil (Pierrot), Line Noro (Inès), Saturnin Fabre (le grand-père), Fernand Charpin (Régis), Marcel Dalio (L'Arbi), Charles Granval (Maxime Kleep), Gaston Modot (Jimmy), René Bergeron (l'inspecteur Meunier), Paul Escoffier (le commissaire Louvain), Philippe Richard (l'inspecteur Janvier), Fréhel (Tania)
Sortie en France 28 janvier 1937
Restauration 4K Studiocanal au laboratoire L’Image Retrouvée (Paris-Bologne) avec le soutien du CNC.
Sortie en Blu-Ray en octobre 2024 et ressortie salles début 2025 par Les Acacias dans le cadre d’un cycle Duvivier
Remerciements à Studiocanal et au distributeur Les Acacias
Film ayant reçu le label
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